Page 28 - GraziaMag.ma N°044 Avril-Mai 2020
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GRAZIA MAGAZINE






          CONFIDENCES



                                     DE CONFINEMENT





          Inédit ! La moitié de l’humanité est

          confinée avec pour seule liberté de brandir
          ces trois mots salvateurs, « Stay at home ».
          Quelques personnalités d’univers différents
          se sont penchées sur la question presque
          existentielle du confinement. Témoignages.

          Par KELTOUM GHAZALI et MARIA CHRAÏBI.



          Meriem Touzani,
          actrice et réalisatrice
          Le confinement en soi ne me pèse pas, bien au
          contraire. Je suis quelqu’un de très casanier naturel-
          lement. Je peux passer des jours sans sortir de la
          maison, et sans en ressentir nullement le besoin. Pour
          moi, ce confinement est avant tout une période
          d’introspection, de questionnement… Une pé-
          riode qui nous met face à nous-mêmes, face à
          l’essentiel. Je ressens une énorme gratitude du
          fait de pouvoir être chez moi, profiter de
          l’amour de ma famille au quotidien, partager
          chaque instant. Je me sens chanceuse, et
          j’en ai pleinement conscience. Mais c’est
          justement à double tranchant. Car la
          réalité qui me parvient de l’extérieur,
          qui nous parvient à nous, tous, me fait
          parfois rougir à l’idée de mon propre
          bonheur, du fait d’être en bonne santé,
          en sécurité. Je ne veux pas me fermer
          à la souffrance des autres, je ne veux
          pas être dans une bulle d’inconscience
          en attendant la fin de cette épreuve qui
          remet notre humanité en cause. Je veux
          être là, en prendre la pleine mesure, ne
          pas me protéger. Et pourtant… Oui, je me
          ferme par moments au monde extérieur, malgré
          moi, afin de préserver un brin d’innocence, de joie
          de vivre, au milieu de tout ça. Oui, je plonge dans
          des œuvres qui m’inspirent, me font rêver, portée
          par des auteurs, des poètes, des cinéastes que j’ad-
          mire. Et oui, je me dis parfois, en observant mon fils
          de deux ans et demi, qu’il a de la chance, car son in-
          souciance est magique… Réussir à trouver l’équilibre
          entre ce que vit le monde et ce que l’on ressent dans
          notre petit univers individuel, est, je pense, un de nos
          plus grands défis. ■


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