Page 20 - GraziaMag.ma N°045 Juin 2020
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LES10NEWS
DU MOMENT
DU MOMENT
Ghita alias
Baddunes, créatrice
de la page « La vie
d’une Marocaine ».
07/
LIBÉRER
LA
PAROLE pages Instagram, notamment celle créée par la jeune
influenceuse Ghita alias Baddunes, en juillet dernier. « La
vie d’une Marocaine » est aujourd’hui suivie par près de
DES 46 000 abonnés et croule sous les témoignages. Lors de
sa création, cette page pouvait recevoir jusqu’à 300
témoignages par jour ! Du simple harcèlement de rue au
viol voire à l’inceste, la parole se libère, d’autant plus que
l’anonymat est respecté, et qu’il n’y a aucune censure.
FEMMES Des centaines de jeunes filles, en sécurité derrière leur
écran, y racontent leur vécu, tel qu’elles l’ont vécu. C’est
trash, violent, à l’image des agressions subies. Dans un
témoignage accordé au journal « Le Monde », Ghita
Le harcèlement des filles sur les réseaux explique que, « les femmes qui s’expriment dérangent,
c’est la hchouma [la honte], (elles) se sentent coupables.
sociaux a connu un pic durant la période Sur cette page, elles sont soutenues pour avoir le courage
de confinement. Elles contre-attaquent de continuer à se battre ». ■
sur Instagram. Par Keltoum GHAZALI
e nombreuses pages Instagram ont dernièrement
été créées par des sortes de combattants de la
morale autoproclamés. Leur modus operandi :
publier des photos personnelles de jeunes filles,
D parfois mineures, en dévoilant publiquement leur
identité, et inviter un maximum de followers à les
partager pour les humilier. La contre-attaque ne s’est pas
fait attendre. Un très large réseau de victimes s’est créé
sur les réseaux, notamment Instagram, médias propices
au militantisme féministe et à l’expression de leur
indignation. La page « DihaFrassek » (mêle-toi de ce qui La Vie d’une Marocaine est une
te regarde), notamment, a recueilli en masse les plateforme où les femmes
peuvent parler et se sentir
témoignages de ces jeunes filles victimes de cyber- soutenues par d’autres filles,
harcèlement. « Il est temps de faire entendre nos voix ! », tout en conservant leur
clament-elles. Le relais est pris par de nombreuses autres anonymat.