Réalité diminuée

Aujourd’hui, je serais presque tentée de laisser page (Web) blanche pour proposer une pause cérébrale vitale, tant parfois le trop plein d’informations peut gaver le cerveau, voire le saturer... Je m’explique : prenons nos petites têtes pour des mémoires vives, sortes d’éponges se gorgeant de divers messages visuels, textuels, sonores, olfactifs et, au final, spirituels puisque l’esprit s’en nourrit. Il faudrait « voir à voir » la qualité de cette nourriture, bonne au mauvaise pour l’âme, selon qu’elle nous enchante, nous épate, nous étonne, nous navre, nous effraie, nous apaise, nous stimule, nous rassure, nous énerve, nous éclaire ou nous révolte...

Le problème, c’est qu’on ne peut pas trier le bon grain de l’ivraie informationnelle tant qu’on n’y a pas goûté. En fait, on est obligé de se taper un bon bol de pollution virtuelle pour se cultiver. Heureusement, il paraît que lorsque l’on dort, un tri naturel s’effectue. D’où l’envie, émanant d’un besoin, d’éteindre tout parfois. Ce qui m’amène, par association d’idées, à la récente prolifération des antennes-relais pour profiter de la 4G : c’est moche (oui, même lorsqu’elles sont déguisées en palmiers 3.0), ça émet des ondes dont on ne sait pas grand chose de leurs effets à long terme sur la santé,mais on ne saurait s’en passer. La vitesse, au nom de l’efficacité, est devenue obligatoire. Adeptes du slow life, vous repasserez !

C’est le propos de l’artiste américain Eric Pickersgillqui, à travers la série de photographies intituléeRemoved(Supprimé), dénonce l’addiction collective aux Smartphones. Sur ses clichésen noir et blanc, il montre des gens saisis au quotidien, les mains tendues vers le vide, le regard capté par le néant, puisque le photographe a effacé les appareils de l’image, y laissant un vide fantomatique.Façonde pointer de son objectif ce décalage aussi pesant que troublant, pour ne pas dire ridicule, entre vies réelle et virtuelle.

www.ericpickersgill.com