Cinéaste, dessinateur, romancier…Hicham Lasri est un artiste à part entière. Un artiste rebelle qui dérange parce que sa vision de la société est incisive, percutante et intrigante. Entre la dérision et le besoin de pointer le doigt sur les travers de la société, en brisant les codes et les tabous, il nous en met toujours plein la vue et les mots pour nous interpeller et nous bousculer. Telle une claque poignante dont on a besoin de temps en temps pour remettre les pieds sur terre. Et cette gifle, on se la prend en plein face une fois encore avec son 3ème roman, « L’improbable fable de Lady Bobblehead » (éditions Rimal), flippant et décalé qui nous plonge dans les méandres du corps humain et dans ce malaise social perçu comme le fléau du siècle. On se noierait presque dans cet univers apocalyptique où les âmes sont égarées, où l’artificialité est souveraine et où la quête de sens et de consistance semble impossible. Un récit violent mais assumé par l’auteur qui nous aliène dans ce monde fantasque, inspiré des jeux vidéo et des mangas, à mi-chemin entre la science-fiction et la réalité crue de notre quotidien. Autant dire que ce roman est loin d’être classique, il détonne même clairement du paysage littéraire national. Et justement on en redemande. On s’attache méchamment au personnage confus et troublé qui veut retrouver son âme perdue au milieu de ce chaos social, dans les tréfonds de l’humanité, un monde hallucinant faits de créatures cauchemardesques, de pixels et de personnages qui marchent des murs au plafond. Le tout sur fond d’une playlist musicale angoissante. Une immersion profonde et intense qui ne manquera pas de vous bouleverser et de vous faire cogiter.