Page 44 - GraziaMag.ma N°052 Fevrier 2021
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GRAZIA TENDANCE



















                  ’est tout naturellement que le caftan est associé
                  au mois sacré du Ramadan. La fête de l’Aïd est
                  l’occasion d’exhiber une nouvelle garde-robe.
                  Parures exceptionnelles, splendides et scintillantes,
                  les caftans du Ramadan rivalisent de somptuosité
                  et d’originalité. Leur beauté participe au caractère
                  particulier du moment. Chaque famille prépare ces
         C costumes avec soin : on prévoit les nouveaux caftans
          plusieurs mois en avance, on rassemble le budget de longue
          date car il s’agit d’un investissement conséquent. On passe
          commande chez les couturiers dont les carnets de commandes
          explosent : leur créativité doit être au rendez-vous pour réaliser
          des parures hors du commun qui animeront célébrations et
          retrouvailles.
          Car il s’agit de marquer une étape essentielle, un passage
          vital dans le fil du temps. Ces fêtes somptueuses viennent
          conclure un mois de recueillement, un mois imprégné de
          questionnement religieux. Ces journées vouées au jeûne
          impliquent un retour sur soi, une méditation profonde,
          la réflexion nécessaire à tout bilan personnel. Or dans ces
          moments voués à l’introspection, le caftan festif n’est certes pas
          de mise. Il laisse place à un autre caftan, plus discret, beaucoup
          moins clinquant.
          C’est un vêtement léger, composé d’une seule pièce, simple et
          dépouillé, qu’hommes et femmes se plaisent à porter dans le
          calme du foyer. Ce caftan-là ne suppose ni les superpositions
          savantes de matières épaisses et vaporeuses ni le jeu complexe
          des ceintures. Ses couleurs sont sobres, neutres : blanc, noir,
          gris ou marron,… des nuances qui invitent à la pondération
          et à la retenue. Les matières, légères et confortables, n’ont pas
          la luminosité moirée des soies, la profondeur des velours : on
          leur préfère alors la texture des cotons, de simples lainages.
          Les robes n’affichent aucune broderie, aucun ornement. Les
          tissus, unis, ont certes de la tenue mais les coupes sont larges et
          confortables, sans épouser ni valoriser les formes du corps.
          Ce n’est pas un caftan de l’image ou de la séduction ; c’est un
          caftan que l’on porte dans l’intimité de son foyer, chez soi le
          soir au moment de la prière et des retrouvailles avec le reste
          de la famille. Il favorise le bien-être et l’effacement du corps
          pour inspirer l’introspection : en libérant le corps, il libère
          l’esprit. Le vêtement, jour après jour, accompagne le processus
          de renouveau spirituel ; humble, il engendre la compassion et
          la bienveillance, anime les qualités de la conscience, efface les
          vanités de ce monde. Associé à cette quête du meilleur, il prête
          une dimension nouvelle au festif. ■


       44  −  GRAZIA MAROC • Mai-Juin 2021
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