Page 95 - GraziaMag.ma N°043 Mars 2020
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Est-ce tout aussi excitant de concevoir un parfum à
           plusieurs que seul ?
           Cela dépend des projets. Pour LIBRE qui était un
           très grand projet sur lequel nous avons travaillé à
           plusieurs, il était important d’avoir plusieurs visions
           olfactives. Ce projet a nécessité 9 ans de travail et
           un très grand nombre d’essais, plus de 1 500 au to-
           tal ! Sur une durée aussi importante, il est évident de
           partager le savoir-faire, d’être surpris par le travail
           d’un partenaire jusqu’à ce que vous vous disiez que
           la fragrance développée par votre partenaire est une
           évidence pour vous. C’est d’ailleurs ce que j’ai vécu
           avec Carlos Benaïm qui est arrivé avec une fleur
           d’oranger superbement travaillée et sur laquelle,
           j’ai rebondi ensuite. Ce qui est drôle, c’est que j’ai
           apporté la touche masculine avec la fougère et
           Carlos Benaïm a apporté la touche féminine. Ce qui
           est certain, c’est que nous voulions quelque chose
           d’exceptionnel et c’est, je pense, vraiment le cas.
           Le parfum est-il genré selon vous ?
           Pour un parfumeur pas vraiment. C’est d’abord l’idée
           de base qui est importante et c’est ensuite l’écriture de
           ce parfum qui en fera un masculin ou un féminin. Et
           par rapport à cela, ce sont les dosages qui changent.
           Les marqueurs ne sont pas les mêmes. Par exemple,
           l’expression de la floralité sera plus importante dans
           un parfum féminin qu’un parfum masculin. Pour
           les hommes, les bois et les épices auront à leur tour
           plus de présence. L’important est aussi de créer cette
           addiction à laquelle je faisais référence.
           Quelles sont vos icônes ?
           « Féminité du bois » de Serge Lutens, « L’heure
           bleue » de Guerlain et « Alien » de Thierry Mugler.
           Ce sont trois parfums que j’aurais adoré créer car
           ce sont des signatures puissantes qui ont
           réellement apporté quelque
           chose de nouveau à la
           parfumerie.
           Qu’avez-vous pensé du
           flacon de LIBRE
           lorsque vous l’avez
           enfin découvert ?
           Un vrai bijou, une
           signature incroyable. Le
           cassandre « YSL » est
           spectaculaire et
           intemporel. On est dans
           l’univers de Monsieur
           Saint-Laurent. ■


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