Hommage poétique à la lune sous tous les angles

Dès le 28 novembre et jusqu’ au 20 décembre 2019, l’Institut français de Rabat abrite la sublime exposition du très talentueux artiste marocain Saâd A. Tazi. En attendant d’envahir la lune et pour fêter le cinquantenaire du premier pas de l’homme sur la lune, sa série de photographies « Moon Phases » propose de l’apprivoiser de manière douce, en lui faisant goûter à l’empreinte de l’homme. « Depuis la nuit des temps, nous avons collectivement labouré, égratigné, éventré et saigné la terre. Et depuis un demi-siècle, nous avons porté notre attention sur la lune, qui devient le véritable trophée des nations. Dans le même temps, la promesse d’éradiquer la faim dans le monde et les conflits est présentée comme le leitmotiv de ces mêmes nations qui tentent d’imposer la paix par les armes, tout en continuant à épuiser la terre dans tous les sens du terme », explique t’il. Cette expo est un très bel hommage à cet objet céleste qui rythme notre quotidien, à la poésie de sa surface d’argent qui, à mesure qu’elle s’étend ou se rétracte au rythme du mois, fait gronder les océans et rêver les romantiques. Autrement dit, les paysages immortalisés sont juste à couper le souffle. Et pour une mise en scène encore plus intense, les photographies seront accompagnées d’une animation vidéo. Saâd A. Tazi nous offre ici une bifurcation dans son travail. Au-delà de la dimension poétique, c’est l’omniprésence de cet astre dans notre champ visuel qui s’est imposée dans son projet. Lune-nymphéa, lune en feu, lune dans les nuages... le photographe nous met face à de nombreuses métaphores qui renvoient à la propension de l’homme à tout assujettir, à tout asservir. Avec tendresse et modestie, cette série est une prière pour demain, pour nous inviter à faire partie de l’univers plutôt qu’à le réduire à un tas de ressources utilitaires. Se définissant lui-même comme un photographe de la lenteur, du quotidien et pas du sensationnel, il nous propose pourtant ici un travail profond et vivifiant. Modeste et humaniste, mettant constamment en avant la beauté du monde, Saâd enchante l’œil avec ses beaux clichés aux traits détaillés, sa quête de la sérénité dans la géométrie et la poésie des chiffres qu’il sublime. Depuis une dizaine d’années, il travaille également de la gravure qui est un prolongement naturel de son travail photographique. Le choix du papier, dans les tirages ou dans l’impression des gravures est la pierre angulaire d’un travail qui se conjugue en dehors du temps qui passe. « On ne crée pas, on enregistre quelque chose que l’on a déjà vu ou qui renvoie à quelque chose en nous », souligne t’il. Ne manquez surtout d’aller découvrir son univers si passionnant à partir de demain à 18h30 à la Galerie de l’Institut français de Rabat.