« We did it, Joe ! », s’est enthousiasmée Kamala Harris le téléphone à la main, lors d’une séance de footing au parc. Un cri de joie partagé par la majorité des américains. En effet, depuis l’annonce des résultats dans les médias, on assiste à de multiples manifestations de joie et de liesse dans les rues et sur les réseaux sociaux. Célébrités et anonymes ne se sont pas privés de faire éclater leur soulagement d’être enfin débarrassés de Donald Trump. Encore faut-il que ce dernier ne fasse pas des siennes. Aux dernières nouvelles, l’actuel président des Etats-Unis clame haut et fort qu’il ne lâchera pas l’affaire, criant aux votes truqués, et menaçant de changer la donne. Doit-on s’attendre à un bon vieux coup de théâtre à l’américaine d’ici peu ?
Quoi qu’il en soit, pas de doute à l’horizon, les chiffres sont parlants d’eux-mêmes : 290 grands électeurs contre 214. Et autant dire que ces élections présidentielles ont été un vrai casse-tête chinois. Le suspense était à son comble, jusqu’à la confirmation médiatique ce samedi 7 novembre : Joe Biden, 77 ans, sera le 46e président des Etats-Unis et mettra les pieds à la Maison Blanche dès le mois de janvier 2021. Finalement, c'est grâce aux votes de l'Etat de Pennsylvanie et du Nevada qui scelleront la victoire finale du candidat démocrate. Devant une foule en délire, le président élu a prononcé un discours de conquérant dans son fief du Delaware, promettant d’unifier l’Amérique. « Je m'engage à être un président qui rassemble et non pas qui divise (…). Il est temps de panser les plaies du pays et d'en finir avec les diabolisations », clame t’il avec passion et détermination. Il faut rappeler que les Américains, surtout les nombreux partisans de Biden, ont attendu quatre jours avant de connaître enfin l’issue de ces élections très complexes et serrées. On peut donc aisément comprendre qu’ils aient pu relâcher la pression avec hargne pour célébrer le couronnement de leur nouveau président. Un peu partout dans le pays, masqués, des milliers de gens sont sortis dans les rues, émus et excités à souhait.
L’effervescence était également à son comble avec l’autre grande nouvelle dans la foulée : Kamala Harris, 56 ans, devient la vice-présidente de l’Amérique. Une annonce historique. Puisque c’est la toute première fois qu’une femme accède à ce prestigieux poste aux Etats-Unis, et de surcroît une afro-américaine. Charismatique, pétillante et dotée d’un tempérament bien trempé, celle qu’on surnomme « Obama au féminin » est ainsi entrée dans l’histoire par la grande porte : la sénatrice de Californie, souvent méprisée par Trump, a été brillante et impassible jusqu’au bout. Du charme, de la pugnacité et du dynamisme à revendre, la belle brune fut même la colistière idéale, un atout majeur de la campagne présidentielle de Biden. « Cette élection est bien autre chose que seulement Joe Biden ou moi. Il s'agit de l'âme de l'Amérique et de notre volonté de nous battre pour elle. Nous avons beaucoup de travail devant nous. Commençons ! », a-t-elle déclaré juste après l’annonce de la victoire. Avec son parcours impressionnant, son ambition et sa forte popularité, il ne serait pas étonnant que Mme Harris brigue un jour le bureau ovale. D’ici là, elle ouvre la voie à toutes les générations féminines. Dans son discours, elle a d’ailleurs rendu hommage à toutes ces femmes de tête qui l’ont tant inspirée durant des années et poussée à toujours aller au bout de ses convictions sans jamais abandonner ses rêves. « Je ne serai pas la dernière (…), car chaque petite fille qui regarde ce soir voit que c’est un pays de tous les possibles », promet-elle.
Par Nafissa El Bouanani