On l’attendait au tournant, mais l’académie a tranché : le cinéaste de « J’accuse », absent forcément de la cérémonie, s’est vu décerner le prix de la meilleure réalisation. Malgré la controverse et les nombreuses manifestations contre Roman Polanski, à nouveau accusé d’agression sexuelle par de nombreuses plaignantes, les Césars 2020 n’auront pas évité la catastrophe. Ce fut d’ailleurs la stupeur générale dans la Salle Pleyel. Si bien que, outrée et furieuse, l’actrice Adèle Haenel, figure de proue de la dénonciation des violences faites aux femmes, a quitté brusquement la salle au moment de la remise du prix. Choquée, elle a crié que c’était « la honte » en partant sans se retourner. Que la grand-messe du cinéma français ait accepté de couronner Polanski malgré toutes les accusations d’abus sexuels, ce fut la goutte qui a fait déborder le vase. La gêne était très perceptible dans la salle : d’autres ont même emboité le pas à Haenel pour marquer le coup, notamment l’équipe du film « Portrait de la jeune fille en feu », grand perdant de la soirée. Sandrine Kiberlain, présidente du jury, a pour sa part marqué la cérémonie par un discours féministe poignant. La maîtresse de cérémonie, Florence Foresti, a eu la tâche difficile de calmer les esprits. Elle avait pourtant prévenu qu’elle n’assumerait pas toute seule le chaos. Dégoûtée suite au triomphe de Polanski, elle n’est plus remontée sur scène après cette annonce et a même posté un mot très symbolique sur Instagram : « Ecœurée ». Un vrai fond de scandale et de révolte qui aura presque éclipsé la joie de l’équipe du film « Les Misérables » de Ladj Ly, grand vainqueur de la soirée qui a décroché le César suprême du Meilleur Film de cette 45e édition, ainsi que celui du Public, du montage et du meilleur espoir pour Alexis Manenti. Côté interprétations, Roschdy Zem et Anaïs Desmoustier ont été sacrés Meilleur acteur et Meilleure actrice. Swann Arlaud et Fanny Ardant ont décroché les même prix pour les seconds rôles.