Qui aurait cru qu’un jour le titre de l’un de ses romans cultes allait être victime d’un « sacrilège » ? Eh oui, les temps changent et il faut s’adapter maintenant au « politiquement correct ». Certains termes qu’on croyait anodins à l’époque ont aujourd’hui un impact très important sur les mœurs. Ils sont très porteurs de sens et s’ils ont un caractère racial, de près ou de loin, ils doivent alors être bannis du langage courant. Aussi, après la disparition du riz Oncle Ben’s, la modification du film légendaire « Autant en emporte le vent », la décision de l’Oréal d’éradiquer le concept blanchissant de sa routine et bien d’autres marques qui s’adaptent au contexte particulier où les questions raciales sont omniprésentes, au tour maintenant à la littérature d’être touchée par le phénomène. La première visée : Agatha Christie. Son célèbre roman « Dix petits nègres » (version française) vient d’être rebaptisé « Et ils étaient dix ». Suite à la demande de l’arrière-petit-fils de la romancière anglaise, les éditions du Masque ont officiellement confirmé avoir procéder au changement. Le livre sera également débarrassé du mot « nègre », qui apparaît 74 fois dans le roman. Et chose étonnante, on apprend justement que l’autrice elle-même souhaitait changer le titre déjà à l’époque. A savoir d’ailleurs que le roman n’est jamais sorti sous le titre « Ten Little Niggers » aux États-Unis, mais plutôt « And then they were none ». Or, en France, cela fait 80 ans que le titre était resté le même. Force est de constater que le mouvement « Black Lives Matter » a largement bousculé les consciences : nous ne sommes plus dans l’ère esclavagiste, ce vocabulaire n’a donc plus lieu d’être.