sous une chape de plomb

 

Contrairement à ce que pourrait laisser penser l’affiche, La Moitié du ciel n’est pas une romance à l’eau de rose. C’est plutôt un film d’horreur. Pas de genre, certes. Il s’agit plutôt d’un biopic, réalisé par Abdelkader Lagtaâ, tiré du livre La Liqueur d’aloès de Jocelyne Laâbi et qui raconte le harcèlement judiciaire du couple Laâbi, fondateur de la revue libertaire Souffles. L’occasion d’évoquer la période dite des années de plomb, qui court ici de 1965 à 1980.

Le réalisateur a prévenu l’audience, lors de l’avant-première qui a eu lieu au Megarama de Casablanca le 3 septembre dernier : « il ne s’agit pas d’un documentaire mais d’une fiction qui mêle l’historique et l’émotionnel ». Effectivement, si l’historique est savamment documenté, finement commenté (et traduit), l’histoire d’amour et particulièrement le combat mené par l’épouse (Sonia Okacha) d’Abdellatif Laâbi (Anas El Baz) sont rendus avec force, aidés en cela par la bande-son et la dimension dramatique des faits.

Car l’horreur est réelle : Abdellatif Laâbi, poète contestataire plus intelligent que néfaste, est arrêté, jugé arbitrairement, torturé et détenu une dizaine d’années avec d’autres intellectuels de l’époque (dont Abraham Serfaty) pour délit d’opinion ou plutôt « atteinte à la sûreté intérieure de l’État. Et peut-être même extérieure », comme l’explique une réplique qui aura eu le mérite d’amuser l’audience. Ce film, de par son éclairage social, est un témoignage réaliste courageux et nécessaire à la compréhension du Maroc d’aujourd’hui, qui aurait mérité une standing ovation, ne serait-ce qu’en hommage aux protagonistes de la véritable et grande histoire. Bien vu et bravo !