Symphonie Confinée de Fatna Chanane : une tempête colorée qui nous interpelle sur le sens même de la liberté

Entre le confinement et l’angoisse, cette pandémie nous a poussés dans nos retranchements, à connaître nos vraies limites, mais aussi nos forces et notre capacité de survie. Cette crise nous a également appris à reconsidérer le concept même de la liberté et à prendre conscience que nous ne sommes pas TOUS faits pour être enfermés. Tant d’interrogations existentielles qui ont interpellé l’artiste marocaine Fatna Chanane. Guidée par ses introspections et ses intuitions, la plasticienne a exprimé ce malaise général à travers ses toiles. Appréhendant la peinture comme une autre forme de langage, symbolique et ouverte à toutes les interprétations, elle nous intrigue une fois encore avec ses œuvres poignantes qui appellent au questionnement et à la prise de conscience. Plongeant dans un labyrinthe émotionnel, ses tableaux incarnent autant sa salvation que la nôtre. Bloquée en Espagne, depuis le début du confinement, seule avec son jeune fils, Fatna s’est retrouvée malgré elle errant dans l’immensité d’un complexe hôtelier dans la ville côtière de Mazagon en Andalousie. Une expérience troublante qu’elle a préféré transformer en force plutôt qu’en faiblesse. Dans cet exil forcé, elle a puisé son énergie dans la positivité et la créativité. L’artiste s’est ainsi créé un univers pictural unique, habité par de nouvelles formes, de nouvelles âmes, invitées à se mouvoir dans un nouveau décor, celui d’un hôtel transformé en forteresse. Bloquée dans ce donjon, telle une princesse en détresse bien loin des siens, elle a donné vie à des œuvres profondes et intimistes qu’elle a souhaité partager après avoir retrouver un semblant de liberté. A l’hôtel même qui a abrité ses nouveaux travaux, la plasticienne dévoile son exposition individuelle baptisée « Symphonie Confinée » : contre toute attente, c’est une réelle invitation au voyage, dans une conjoncture où le voyage n’est pas permis. Ses 32 toiles sont hurlantes de réalité, mais aussi de rêve. Les corps s’y muent, pour nous offrir la plus belle des danses. Cette tempête artistique nous invite surtout à changer notre perception sur tout ce qui tourne autour de la liberté d’action, nous rappelant que même dans les moments les plus durs, l’espoir et la foi sont toujours ancrés quelque part. Ainsi, jusqu’au 5 août 2020, les espagnols pourront admirer les œuvres de la jeune maman, dans le hall de l’hôtel Martin Alonso Pinzon. Cerise sur le gâteau : les bénéfices de la vente des toiles seront dédiés aux actions éducatives et solidaires menées par l’association Tamoune à Ouirgane qui œuvre en faveur des écoles primaires du village Ksar Azekout au sud du Maroc et de celle de l’île de Gorée au Sénégal. Magnifique !