Rika Zaraï, l’iconique chanteuse franco-israélienne, s’en est allée…

Une grande voix vient de s’éteindre. L’ambassade d’Israël à Paris a annoncé hier le décès de la célèbre chanteuse à l’âge de 82 ans. L’inoubliable interprète de « Sans chemise, sans pantalon » était très populaire en France. De son vrai nom Rika Gozman, cette passionnée de musique depuis son enfance a décroché le premier prix de piano au conservatoire de Jérusalem à seulement 17 ans. A partir de là, elle savait qu’une carrière musicale se profilait. Son parcours artistique démarre vraiment deux ans plus tard. Dans la foulée, elle épouse le parolier Johann Zaraï et se produit dans des cafés-théâtres, en interprétant en hébreu les textes de chanteurs français très populaires comme Trenet, Gréco, Aznavour et Brassens. Elle s’envolera plus tard pour la France, mais le quotidien est difficile. Divorcée,  mère célibataire d’une petite fille et ne maîtrisant pas bien la langue française, c’est une période de galère où elle survit en écumant les cabarets. La donne change lorsqu’elle fait une rencontre phare : elle a eu, en effet, la chance de tomber sur le célèbre producteur Eddie Barclay. Sous l’un de ses labels, elle enregistre alors de vraies perles, comme « Hava Naguila », reprise d’une chanson folklorique en hébreu, qui deviendra un gros tube en France.  

Tout s’enchaîne pour Rika. Elle fait la première partie de Jacques Brel à l’Olympia, rencontre son second mari, le musicien Jean-Pierre Magnier, signe avec un autre labal et s’invite à la grosse tournée de Gilbert Bécaud. Elle enchaîne aussi les tubes comme « Casatschok » et « Alors je chante ». La gloire est au rendez-vous. Le destin lui jouera pourtant un mauvais tour : en 1969, un très grave accident de voiture lui fait perdre l’usage de ses jambes. Les médecins sont pessimistes et pensent qu’elle ne pourra plus marcher. Mais c’était sans compter sur la force et la détermination de cette jeune femme à la personnalité bien trempée qui refuse de se laisser abattre. Au bout de 3 ans, la voilà remise sur pieds et prête à conquérir le monde. Une belle leçon de vie : Rika enregistre de nouvelles chansons et multiplie les succès avec des titres bankables comme « Tante Agathe », « Ma Poupée de France » ou encore « Sans chemise, sans pantalon ». La scène de l’Olympia deviendra presque sa deuxième maison, tellement elle s’y représente dans les années 70. Durant cette belle époque, sa carrière est couronnée par 5 disques d’or. Son dernier album sortira au début des années 1980 avant de quitter le label Philips en 1983. Elle décide alors de faire un virage complet dans sa carrière : arrêter la musique pour promouvoir la médecine par les plantes. En vrai gourou, elle vend des millions de livres sur le sujet et commercialise même ses plantes dans les commerces. Mais ce fut une parenthèse très controversée, puisque Rika n’a pas été crédible aux yeux des médecins. Vivement critiquée dans le milieu médical, en 1989, elle a été inculpée de complicité d’exercice illégal de la pharmacie. L’affaire a connu un non-lieu finalement, mais elle a été très médiatisée au grand dam de la chanteuse.

Dans les années 2000, nostalgique de la musique, Rika Zaraï revient sur le devant de la scène avec des albums à reprises. En 2008, le sort s’acharne à nouveau sur sa santé : elle est victime d’un grave accident vasculaire cérébral. Il faudra près de 5 ans de rééducation. Plus forte que jamais, elle rebondit à nouveau et sort un double album, « Anthologie 1960-1982 », qui rend hommage à sa carrière. Un parcours impressionnant où elle aura vendu près de 30 millions de disques et où elle aura été considérée comme l’une des plus belles voix d’Israël. Qu’elle repose en paix…

 

Par Nafissa El Bouanani