Le 7 août dernier, Naima El Bezaz, écrivaine néerlandaise d’origine marocaine s’est donné la mort à l’âge de 46 ans. Elle laisse, inconsolables, un mari et deux enfants. L’annonce de son décès brutal a provoqué une onde choc dans le monde littéraire. C’est un autre écrivain, Abdelkader Benali, qui a informé le public de cette triste nouvelle sur twitter. Il a d’ailleurs salué sa mémoire en clamant son intelligence et son esprit brillant. Fervente militante de la liberté d’expression, Naima était réputée pour son franc-parler sans langue de bois, ses positions ultra-féministes et ses écrits très audacieux. Elle disait tout haut ce que les gens pensaient tout bas. Hélas, son audace ne lui aura pas toujours servi justement. Native de Khenifra, elle émigre à Amsterdam vers l’âge de 4 ans avec sa famille. Les conditions précaires dans lesquelles elle vivait et les moqueries à l’école sur ses origines nord-africaines la poussent à se révolter contre le racisme et la discrimination. Très vite, elle met sur papier ses ressentis et ses colères. A 21 ans, elle publie son premier roman, « La Route du Nord », qui se classera dans le top 10 des livres les plus achetés aux Pays-Bas. Elle enchaîne alors les romans percutants et poignants comme « L’aimée de Satan », « La répertoriée », « Le Syndrome de la Joie » ou encore « Les Femmes de Vinex ». Certes, sa notoriété n’a fait que grandir au fil du temps, mais ses romans dérangent parce qu’elle y traite de sujets très sensibles comme l’immigration, le racisme, la sexualité, l’Islam, la dépression…Sans tabou, assumant ses dires, Naïma enflamme rapidement la communauté arabe conservatrice et extrémiste. Evoquant également la misère dans laquelle elle a grandi, la difficulté de sa double culture, la haine que lui vouaient ses voisins hollandais et la drogue qu’elle prenait pour oublier tout ça…elle a fini par se mettre à dos même ses proches. « Au service du diable », publié en 2013, sera le dernier ouvrage qu’elle signera. Malgré sa quête de liberté et son besoin de changer les choses, elle devra faire face aux critiques, aux insultes et même aux menaces de mort dans la rue. Si bien qu’elle finira par plonger dans une grave dépression qui la mènera aux centres psychiatriques à de nombreuses reprises. Multipliant les cures et les épisodes dépressifs, la romancière n’a pas réussi à s’en sortir. Et alors qu’elle comptait revenir sur le devant de la scène culturelle, on apprend maintenant qu’elle a malheureusement mis fin à ses jours. Destin brisé…