Homme de scène légendaire, charisme extraordinaire, véritable pionnier du rock'n'roll… Little Richard vient de rejoindre les étoiles à l’âge de 87 ans. Emporté par un cancer, le chanteur américain laisse un incroyable héritage musical avec des perles intemporelles comme « Tutti Frutti », « Long Tall Sally », « Whole Lotta Shakin’Goin’On » ou encore l’inoubliable « Good Golly Miss Molly ». Grande figure du rock'n'roll et inimitable bête de scène, Little Richard a fasciné toute une génération et inspiré d'innombrables artistes à l’instar de Jerry Lee Lewis, David Bowie, Elvis Presley ou Jimi Hendrix. Avec son look extravagant et flashy, sa coiffure banane imposante et sa fine moustache, il avait un style singulier et atypique qui ne passait pas inaperçu. Egalement connu pour ses frasques, ses scandales, ses orgies bisexuelles et ses excès en tous genres, Little Richard, de son vrai nom Richard Wayne Penniman, incarnait l’univers rock comme personne. « Je suis l’architecte du rock’n’roll, l’initiateur, celui qui le personnifie », aimait-il répéter. Mais derrière sa façade extravertie, il avait une personnalité complexe et tourmentée. Issu d’une famille très modeste, sa relation avec son père était très conflictuelle. Enfant rebelle, on le surnommait « Petit Richard » à cause de son allure efféminée et de son engagement au sein d’une chorale de gospel, mais en vérité il n’a jamais été petit, puisqu’il faisait un imposant 1,80 m. Sa carrière débute dans les années 50 où il démarre les tours de chant dans des clubs clandestins de drag queen. Sa voix profonde et son style audacieux attirent l’attention. Son titre « Tutti Frutti », hymne aux homosexuels, fera sensation auprès du label américain Specialty Records qui le revisite de façon plus « politiquement correct » et le lance à la radio. Le succès est immédiat. Les concerts s’enchaînent et l’hystérie auprès des fans est collective. Homme de spectacle, pétillant et criard, avec son timbre aigu, il était d’abord voué au blues avant de s’inspirer grandement du boogie-woogie. Très vite, il joue debout devant son piano, se démène, transforme le chant en hurlement. En pleine gloire, il lui arrive même de grimper sur son piano et finir torse nu lors de ses concerts. « On n'avait jamais vu un artiste venu du R&B si extraverti, si sauvage, si bruyant », raconte le musicologue Chris Morris. Alors que la fortune se profile et que le chanteur devient une star planétaire, en 1957, il annule brutalement une tournée en Australie pour se proclamer missionnaire de la congrégation évangélique « Church of God ». Il semble s’assagir, se marie et adopte un fils. Mais le divorce est prononcé 4 ans plus tard. Little Richard n’a jamais cessé de vivre dans la débauche et ses penchants bisexuels ont pris le dessus. Fin des années, sa consommation excessive d’alcool et de drogue inquiète ses fans. Il prend conscience du danger, multiplie les cures et se concentre sur sa foi. Prêcheur à ses heures, il continue d’enregistrer des chansons et de jouer surtout aux USA. Une opération à la hanche gauche, en novembre 2009, le contraint à rester sur une chaise devant son piano. Malgré son handicap, il donne des concerts jusqu’en 2014 et poursuit les émissions de télé. On le voit aussi de plus en plus dans les églises pour prêcher et témoigner de sa foi, avec toujours cette touche rock dans le sang et dans l’âme…Loin de ses démons, qu’il repose en paix maintenant.