Produit par 2M TV et Ali’n Production, ne manquez surtout pas la diffusion de ce film rare et inattendu, « L7sla », ce dimanche 18 octobre à 21 h 50. L7sla veut dire l’impasse. Mais c’est aussi une des chansons mythiques du groupe Lemchaheb. Dans la même lignée que Jil Jilala et Nass El Ghiwane, Lemchaheb ont symbolisé dans les années 70 l’âge d’or de la musique populaire marocaine. Ils ont également marqué l’âme du célèbre quartier casablancais Hay Mohammadi, vivier de tant d’artistes, écrivains ou encore sportifs qui ont fait la fierté du Maroc. Un siècle plus tard, la talentueuse réalisatrice marocaine Sonia Terrab est allée à la quête de ce passé glorieux pour lui rendre hommage et nous plonger avec nostalgie dans cette époque mémorable. Hélas, aujourd’hui, pour la jeunesse égarée, Hay Mohammadi « n’est plus qu’une périphérie pauvre de la métropole casablancaise où les âmes s’entassent et les rêves se brisent sur l’autel de la misère » nous explique la cinéaste. D’où le titre poignant du film. Son immersion dans cet univers durera un an. Elle suivra au quotidien et à différents moments de leur vie Neknouki, Mouad, Achraf, Wawa, Midou, Ayoub et tant d’autres. Elle donnera ainsi la parole à ceux qui s’estiment être des « sans voix ». Sans tabous ni censure, Sonia documente des vies qui défilent et où chaque jour ressemble au précédent, une routine infernale qui tourne autour de la drogue, petits deals, chômage, hrig, solidarité, foot, derb…
Des Seventies et de Lemchaheb, il ne reste plus que L7sla. Mais à regarder de plus près, l’énergie, l’effervescence et la créativité sont intactes. Si le quartier a vibré jadis avec les groupes mythiques du Hay, aujourd’hui ce sont les paroles des chansons des ultras du Raja qui portent cette jeunesse et la bercent. L7sala est ainsi le portait d’un quartier emblématique, mais surtout unique. C’est aussi le portrait d’une jeunesse perdue et incomprise, qui pourtant ne demande qu’à s’exprimer, à exister et avoir droit au rêve.
Sans vous spoiler…Entre parole brute, nostalgie du passé et amour pour l’équipe de foot du Raja, portée par la musique du groupe Lemchaheb, ce film documentaire est une immersion de près d’un an auprès des jeunes du quartier mythique de Hay Mohammadi à Casablanca. Une jeunesse dans l’impasse (L7sla) mais qui garde espoir. On y suit la trajectoire de trois jeunes dans des périodes différentes de leur vie mais qui font tous face au même contexte : le manque d’opportunités et le sentiment de tourner en rond.
« En filmant ce quartier, en allant à la quête de ce passé glorieux, je souhaitais questionner la transmission : où est parti cet esprit ? Que reste-t-il de cette époque aux jeunes de maintenant ? Qui sont les Lemchaheb aujourd’hui ? Les héritiers ? En restent-ils d’ailleurs ? Et comment allumer l’étincelle à nouveau ? En cours de route, j’ai découvert que si la nostalgie du passé était encore bien présente au Hay, l’énergie des seventies, les restes de cette créativité, cette effervescence, ont convergé vers un amour différent, celui du foot et en particulier de l’équipe casablancaise du Raja. Une des équipes les plus emblématique au Maroc (avec sa rivale le Wydad), dite l’équipe du peuple. Si le quartier a vibré auparavant avec la musique de Lemchaheb et de Nass el Ghiwane, aujourd’hui c’est les paroles des chansons des ultras du Raja qui portent cette jeunesse et la bercent. Résultat : Un portrait de quartier qui devient ainsi un portrait d’une société, d’une jeunesse, d’un pays complexe, entre les poètes du passé et ceux du présent : cette nouvelle génération, perdue, incomprise, mais qui le plus souvent ne demande qu’à être entendue, reconnue », souligne Sonia Terrab.
Par Nafissa El Bouanani