C’est une vague de colère, d’indignation et d’inquiétude qui s’est abattue hier sur les réseaux sociaux. Depuis plusieurs semaines, le Maroc est en émoi avec l’affaire Hajar Raissouni. Pour rappel, cette journaliste marocaine de 28 ans avait été arrêtée le 31 août dernier par les forces de l’ordre à la sortie d’un cabinet médical de Rabat. Son crime : « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ». Or, lors de son audience, Mme Raissouni avait assurée avoir été traitée pour une hémorragie interne, ce que son gynécologue a confirmé au tribunal. En attendant son procès, elle a reçu un soutien massif de la part des marocains. Manifestants, internautes, personnalités publiques…Tous se sont mobilisés pour sa libération. La romancière Leila Slimani et la réalisatrice Sonia Terrab ont même co-rédigé un manifeste poignant pour dénoncer l’article 490 du Code pénal marocain qui punit de prison les relations sexuelles hors mariage et l’avortement. Appelant les citoyens marocains à se déclarer « hors-la-loi », elles avaient même réussi à faire valoir 490 signatures dans ce manifeste. Mais la réforme de la loi n’a pas eu lieu. Le verdict est tombé ce lundi 30 septembre : Hajar Raissouni a été finalement condamnée à un an de prison ferme par le tribunal de Rabat, son fiancé a écopé de la même sentence qu’elle et son gynécologue s’en sort moins bien avec deux ans de prison ferme. Un procès largement contesté par l’opinion publique. Malgré elle, la journaliste est devenue un véritable symbole pour tous les marocains hostiles aux lois ancestrales et à cette dictature des mœurs qui violent les droits et libertés individuelles. Après l’annonce du jugement, la déception et l’inquiétude sont palpables. La colère prend le relais et le débat est plus que jamais ouvert. C’est « une criante injustice, une flagrante violation des droits humains et une atteinte frontale aux libertés individuelles. Un jour noir pour les libertés au Maroc », a commenté sur Twitter Ahmed Benchemsi de Human Rights Watch (HRW). Anéantie comme on peut l’imaginer, Hajar a l’intention de faire appel. Une chose est sûre, son affaire continuera de faire beaucoup de bruit ici comme ailleurs. Solidaires, ses compatriotes partagent aujourd’hui sa sentence et sa douleur. Tous s’identifient à cette victime du système judiciaire et clameront haut et fort sa libération. Tous continueront à se mobiliser contre l'hypocrisie et contre ces lois obselètes. Pour Hajar et pour notre salut à tous!