Passionnée de lecture depuis toujours, Virginie Viard, la nouvelle Directrice Artistique de la Maison Chanel, a décidé de transformer le Grand Palais en une formidable bibliothèque circulaire à coursives. Pour présenter la collection Haute-Couture de l’hiver prochain, le lieu incarnait donc une déco paisible et sereine, propice à la lecture. Quand à la femme Chanel de la saison hivernale, elle semble avide de culture, de poésie, de romans. « J'ai rêvé une femme à l'élégance nonchalante et à la silhouette fluide et libre. Ce que j'aime dans l'allure de Chanel », confie la créatrice. La silhouette est ainsi longiligne, elle passe chaussée de slippers et d'escarpins à nœud de satin ou de mocassins en cuir verni noir qui réinventent la géométrie bicolore de la Maison. Galbée du trait raffiné des années 30, la modernité de l'allure affleure dans sa décontraction, mains dans les poches. Une nonchalance chic enveloppée de volumes fluides, amples ou sinueux, soulignés d’une ceinture ou d’un nœud, de courbes et de pans nets et graphiques. Partout, le savoir-faire des ateliers Haute-Couture est à l’honneur : les tweeds et le crêpe de laine trouvent l’exigence de la souplesse, l’aplomb des velours répond à la légèreté des plissés de georgette, des feuilletés de mousseline ou d’organza. Les dentelles texturées, les aplats de broderies multicolores et les plumes travaillées une à une réinventent fleurs, volutes et palettes aux milles nuances. Souples comme des peignoirs, les manteaux de tweed, droits ou portefeuille, caressent le sol, jouent avec les influences masculines. Sur une robe bustier ou une jupe en tweed, la veste devient boléro, blouson ou bomber aux épaules et manches rondes. Portée avec un pantalon large et fluide, à pont ou taille haute, elle se fait courte, l’épaule à la pointe, le col officier ou à petit col au revers matelassé. Chaque fois les boutons reprennent les couleurs des vélins et des papiers d’imprimerie, les doublures sont blanches comme les pages de garde d’un livre. Certaines sont ornées de cols feuilletés comme si la tranche d’un ouvrage s’entrouvrait. Toujours ceinturées, les robes longues esquissent une attitude presque langoureuse. En satin, le dos nu ou retenu d’un nœud, en velours et ornées d’un nœud à l’épaule ou brodées d’un effeuillé de livres, elles s’étirent d’une quille ou sont fendues de poches. Une sensation de liberté et de confort se dégage des silhouettes, invite à prendre le temps de lire dans cette belle bibliothèque. Comme dans un souffle, passent encore un déshabillé de mousseline orangée, un large pantalon ourlé de plumes sur un top en radzimir drapé, une robe qui glisse dans ses broderies pailletées l’écriture de Karl Lagerfeld…Et entre charme et insouciance, la mariée sort vêtue d’un pyjama et d’un peignoir de satin rose pâle rebrodé et plissé d’où s’échappent des plumes. Luxe, calme et volupté : renouvelée, la trilogie prend tout son sens dans cette bibliothèque de rêve.