Mort à 41 ans sur un banc du Champ-de-Mars à Paris, en 1971, Jilali Gharbaoui a eu une fin d’artiste maudit, méprisé et incompris. Figure emblématique de l’abstraction au Maroc, ce grand peintre n’a pas connu de son vivant le succès ou la reconnaissance qu’il méritait. Il a pourtant laissé une œuvre très prolifique et intense. Il était même considéré comme le tout premier peintre marocain à avoir choisi la peinture non figurative comme mode d'expression picturale. Près de cinquante ans après sa disparition, l’écrivaine Latifa Serghini porte un nouveau regard sur le parcours de l’artiste et lui rend hommage à travers son livre : « Jilali Gharbaoui : le Messager de l’exil ». « L’unique passion de Gharbaoui était la peinture. Puissante et provocante, son œuvre ne pouvait trouver grâce aux yeux du public marocain des années cinquante, habitué à une peinture figurative. C’est ce qui a valu à l’artiste d’être conspué, rejeté et condamné pour sa singularité. Il bénéficie aujourd’hui d’une gloire posthume qui justifie la formule de phénomène Gharbaoui », écrit-elle. A travers un éventail de témoignages, de détails, de magnifiques clichés et d’archives, avec son récit à la fois poignant et touchant, son roman biographique nous plonge dans l’univers palpitant du plasticien, nous éclaire sur sa vie passionnante et nous prouve qu’il était autant un pionnier de la modernité qu’un messager de l’exil. Ses passions, ses tourments, ses souffrances, son exil… Latifa Serghini nous offre une chronologie intimiste de l’histoire de ce grand monsieur épris de liberté mais si seul. Même dans la mort. « Son corps est rapatrié par avion à l’aéroport de Casablanca, puis acheminé sur Fès. Pour l’accueillir, nulle famille, peu d’amis et quelques officiels qui diligentent l’enterrement dans l’indifférence générale », raconte-t-elle. Avec sa belle plume subtile et sensible, l’auteure nous émeut en nous offrant un portrait très attachant voire même bouleversant de cet artiste passionné et torturé. Un sublime récit de vie à découvrir…