De l’œuvre à l’Absolu : au cœur du parcours artistique de l’intemporel Abdelkébir Rabi’

Pour mieux cerner et apprécier l'œuvre singulière de cet artiste engagé depuis plus de cinquante ans dans une aventure artistique solitaire et exigeante, au sein de l'histoire de l'art moderne et contemporain au Maroc, Mohamed Rachdi et Abdelkébir Rabi’ ont eu l’idée de sortir un sublime ouvrage. Dirigé par Rachdi, « L'Œuvre à l'Absolu », paru aux Éditions H2/61.26, prend surtout la forme d'une monographie sur l'activité artistique et le parcours du célèbre peintre marocain. Pour Mohamed Rachdi, grand ami de l’artiste, ce projet était une évidence. Au-delà d’un simple beau livre, il avait à cœur « d’éclairer le lecteur sur la puissance de sa plastique, la fertilité et la profondeur de sa signification ». L’idée était surtout de produire des orientations essentielles, pour mieux saisir la finesse et la complexité de son œuvre poétique et prolifique. « Une œuvre qui semble bipolaire, de par sa constante oscillation entre figuration et abstraction, mais qui demeure, en réalité, extrêmement cohérente, et portée par une seule et même posture poétique et une quête philosophique où sans cesse s’entrelacent le faire et le souci permanent de la réflexion sur l’acte créateur et les profondeurs humaines que cet acte implique », conclut Rachdi. Plusieurs auteurs ont donc intervenu dans ce beau projet. A l’instar d’Elisabeth Chambon qui met l’accent sur l’approche graphique de l’artiste, la spécificité de son écriture plastique et la manière dont il en génère des signes à valeur artistique. Quelle est la singularité de son geste créateur et quelles en sont les conséquences plastiques et artistiques ? C’est à cela que Jean Claude Le Gouic s’est, pour sa part, attelé en développant une analyse des œuvres abstraites de l’artiste à partir d’une approche poïétique. Entre l’ombre et la lumière, Jean Lancri a cherché à nous éclairer en partant d’une analyse phénoménologique des gestes qu’accomplit Rabi’ lorsqu’il peint. De son côté, Michel Guérin montre comment, entre la figuration et l’abstraction, l’art de Rabi’ se ressource dans une mémoire vive des lieux et des temps. Justement, ce va-et-vient incessant entre ces deux registres va interpeller Mostafa Chebbak qui traitera de la dimension spirituelle de l’artiste. Quels liens pourrait-il y avoir entre l’activité créatrice du plasticien et les autres domaines artistiques, notamment la poésie et la musique? Telle est la question à laquelle s’est attelé Alain Flamand. Enfin, Abdelkébir Rabi’ lui-même rédige quelques textes dans cet ouvrage sur son propre processus pictural.