Hospitalisé à plusieurs reprises ces dernières semaines pour des problèmes respiratoires et cardiaques, l'ancien chef de l'État de 1974 à 1981, est décédé hier soir des suites du Covid, entouré de ses proches. Plus jeune président de la Vème République lorsqu'il est élu en 1974, Valéry Giscard d'Estaing a rendu l’âme à l’âge de 94 ans.
Issue du centre-droit libéral, il a été le plus jeune président de la Ve République depuis 1848, lorsqu’il a été élu en 1974 (jusqu’à Emmanuel Macron qui a été élu à l’âge de 39 ans). Il n’avait alors que 48 ans et fut le premier non-gaulliste à s'emparer de l'Élysée, volant le siège au passage à Mitterrand. Incarnant une certaine modernité, une renaissance et un nouveau souffle pour les français, il fut un président d’après-guerre progressiste et visionnaire. Grâce à son charisme, son ambition et son talent oratoire, sa carrière en politique sera vite remarquable. Initiateur du « G7 », économiste brillant et auteur de talent, il instaure des réformes qui le rendront très populaire, comme l’abaissement de la majorité de 21 ans à 18 ans ou encore la dépénalisation de l’avortement. Les perturbations débuteront suite aux relations conflictuelles qu’il entretient avec son premier ministre Jacques Chirac. Le duo ne fonctionne pas : Chirac démissionnera en 1976. C’est le début de la crise pour Valéry Giscard d’Estaing. Suivront les crises économiques déclenchées par les chocs pétroliers en 1973 et en 1979, la montée croissante du chômage, la fameuse affaire des diamants qui a remis en doute son statut d’ex-ministre des finances…sans compter que les français étaient mitigés entre sa politique tantôt libérale tantôt conservatrice.
Le 10 mai 1981, il est battu par le président élu François Mitterrand. Une défaite qui ne passera jamais. S’en suivra une longue dépression, mais il ne tire pas sa référence pour autant : Valéry Giscard d'Estaing sera élu à la présidence de l’UDF en 1988, intègre le Parlement européen et décroche le siège de président de la Convention sur l’avenir de l’Europe, en décembre 2001. Deux ans plus tard, il recevra même le prix Charlemagne pour avoir « fait progresser le processus d’unification » en Europe.
Par Nafissa El Bouanani